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 Big Bang et philosophie

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Sepheides
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Sepheides


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MessageSujet: Big Bang et philosophie   Big Bang et philosophie Icon_minitimeMar 2 Fév - 1:31

Le big-bang, source originelle d’énergie
Par Philippe Solal, professeur agrégé de philosophie — 1 octobre 2013 à 16:27

Que peut bien pouvoir dire la philosophie sur le big-bang et l’énergie dont il est la source ? La tradition philosophique ne peut être mobilisée pour réfléchir sur une notion apparue au XXe siècle. Pourtant les conséquences qu’implique cette «explosion originelle» sont de première importance pour la pensée. Le big-bang inscrit la réalité dans une histoire et un devenir. Nous ne pouvons plus, comme le croyait au XIXe siècle le philosophe allemand Hegel, opposer la nature, censée être immuable et répétitive en raison de ses cycles, et l’Histoire humaine, considérée comme inédite. La science nous a appris que l’univers possède lui aussi une histoire, faite d’événements inédits, à partir de cette «singularité», qu’est le big-bang.

Qu’y avait-il avant lui ? La question n’a pas vraiment de sens, puisque cet événement est considéré comme le point de départ du temps, de l’espace et de la matière. Aussi, il est tentant de le rapprocher de la notion de création ex nihilo et même de «fiat lux», ce moment où, selon la Bible, Dieu fait être la lumière en proférant les paroles «Que la lumière soit !». Ce n’est pourtant pas le rapprochement que choisit de faire le chanoine catholique belge Georges Lemaître, lorsqu’il proposa en 1927 sa théorie d’un univers en expansion. Le big-bang est une explication d’ordre scientifique, soucieuse d’éviter tout mélange des genres, et qui fournit la réponse spécifique de la science à la question traditionnelle de la métaphysique, telle que le philosophe allemand Leibniz l’avait formulée au XVIIe siècle : «Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?».

Ce modèle, surtout, renoue avec l’origine étymologique du mot «énergie», issu du grec energeia. Celui-ci désignait, dans l’Antiquité, une «force en action», qui, progressivement nous dévoile une chose qui se construit ou se développe. Pour la cosmologie, ce dévoilement est celui de l’univers dans son entier, qui était d’abord contenu «en puissance» dans cette énergie même.

L'origine de l'origine
L’écrivain Jean d’Ormesson avait interrogé avec un certain lyrisme toute l’étrangeté de ce dévoilement, lorsqu’il écrivait dans un essai intitulé Presque rien sur presque tout :

«Avant le tout, il n’y avait rien. Il est déjà difficile d’imaginer le tout, avec ses plans successifs et ses replis sans fin, ses escadrons de cuirassiers, ses champs de coquelicots ; se figurer le rien est une tâche impossible. Avant que le commencement se mette à commencer, le rien était le tout. Il n’y avait pas d’espace. Il n’y avait même pas de vide : tout vide exige du plein. Il n’y avait pas de lumière. Il n’y avait rien du tout et moins que rien du tout. Il n’y avait pas de temps. Ce qui interdit – mais comment faire autrement ? - d’employer le mot avant qui n’a de sens que dans le temps. Ce qui fait la singularité extraordinaire du big-bang, c’est qu’il constitue le seul événement de l’histoire à n’avoir pas de passé.»


Texte très suggestif, aux accents très leibniziens. Aux escadrons de cuirassiers et aux champs de coquelicots, on pourrait même rajouter, pour «figurer le tout», le babil d’un nouveau-né, le sublime du Requiem de Mozart, le calvaire des cancéreux, etc. Tant de joies mais surtout tant de souffrances dans les replis successifs du tout ! N’est-ce pas Sartre qui écrivait que l’homme est «une passion inutile» ?

En définitive, l’énergie du big-bang, ou plutôt son origine, constitue en elle-même un mystère qui constitue la frontière que ni la science ni la philosophie ne peuvent dépasser, sous peine d’outrepasser leurs droits. La tentation est pourtant grande, y compris parmi les physiciens, de franchir le pas, de chercher l’origine de l’origine, et ainsi de renouer avec la métaphysique. Cette tentation elle-même nous donne à penser.

Philippe Solal est l'auteur de «Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?» Éditions Aléas (2006).

Source: Libération
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